Le 1er août dernier, Honda et Nissan ont signé un nouveau protocole d’accord, renforçant une alliance initiale conclue le 15 mars. Pour Nissan, en quête d’une relance après des résultats financiers décevants, et Honda, en meilleure santé économique, ce partenariat stratégique vise à dynamiser leurs ventes de véhicules 100 % électriques, un secteur où les deux marques peinent à s’imposer. Malgré la présence notable de Renault dans le domaine des véhicules électriques, Mitsubishi rejoint également ce projet pour mutualiser les ressources et accélérer le développement.
Une Stratégie Commune pour l’Avenir
L’objectif de cette alliance est clair : mutualiser les efforts pour atteindre la neutralité carbone et renforcer la sécurité routière. Les entreprises collaboreront autour des technologies environnementales, de l’électrification et du développement de logiciels pour créer la plateforme automobile du futur, connue sous le nom de SDV (Software Defined Vehicle).
Selon les trois constructeurs, des technologies telles que la conduite autonome, l’intelligence artificielle et la connectivité deviendront les principaux facteurs de compétitivité dans l’industrie automobile de demain. La Nissan Leaf domine déjà les ventes en Europe, mais des modèles tels que le SUV Ariya rencontrent plus de difficultés. Cette coopération est donc une occasion pour Nissan et Honda de consolider leur position sur le marché grâce à des solutions 100 % japonaises.
Mutualisation des Savoir-Faire
Dans cette alliance, Honda et Nissan travailleront en étroite collaboration sur le développement des batteries et des essieux électrifiés, des éléments clés de leur stratégie. L’accord prévoit l’harmonisation des modules de cellules de batteries pour qu’elles puissent être utilisées par les deux constructeurs, optimisant ainsi les coûts et augmentant les volumes. Les moteurs et onduleurs seront également partagés, permettant une efficacité accrue dans la production et le déploiement des véhicules électriques.
Le Rôle de Mitsubishi
Mitsubishi, de son côté, adopte une position plus discrète dans certains aspects de l’accord, notamment en ce qui concerne les batteries et les essieux. Cependant, l’entreprise compte sur cette collaboration pour enrichir son savoir-faire, en particulier dans le domaine des hybrides rechargeables. Malgré l’absence d’un modèle 100 % électrique dans son catalogue en Europe, Mitsubishi espère que cette coopération lui permettra de rattraper son retard dans l’électrification.
Des Risques à Envisager
Le retrait de Mitsubishi de certaines parties de l’accord souligne la complexité d’une collaboration à plusieurs niveaux. Les alliances entre ces constructeurs pourraient se renforcer ou s’affaiblir en fonction des besoins et des avancées technologiques. Nissan, qui détient 34 % des parts de Mitsubishi Motors, poursuit d’ailleurs sa coopération avec Mitsubishi en Asie, notamment à travers des modèles tels que le duo Navara/L200 pour les pick-ups et les kei-cars électriques Sakura/eK X EV.
Cette alliance dans le secteur de l’électrique apparaît comme une réponse à la concurrence croissante des constructeurs chinois. Toutefois, une question persiste : cette union tardive entre Nissan, Honda et Mitsubishi suffira-t-elle à rattraper le retard accumulé par l’industrie automobile japonaise ? Si le développement des technologies de conduite autonome, de l’IA et des logiciels est crucial, le défi à relever reste immense.
L’Indépendance de Toyota
Pendant que Honda, Nissan et Mitsubishi unissent leurs forces, Toyota continue d’évoluer de manière indépendante. L’entreprise refuse de se concentrer uniquement sur l’électrification et mise plutôt sur un mix énergétique comprenant les voitures hybrides et l’hydrogène. Ce choix audacieux, à contre-courant des tendances actuelles, pourrait s’avérer payant si la demande pour des alternatives à l’électrique pur venait à augmenter. Pendant ce temps, l’alliance entre Nissan, Honda et Mitsubishi cherche encore sa place sur l’échiquier mondial des véhicules électriques.
Conclusion
Cette nouvelle collaboration japonaise symbolise l’effort de trois géants de l’automobile pour regagner leur influence face à la montée des constructeurs chinois. Reste à savoir si cette union stratégique sera suffisante pour combler le retard technologique et commercial des trois marques. La mutualisation des ressources et des technologies représente une étape importante, mais le marché des véhicules électriques est en constante évolution et les défis sont nombreux. Le succès de cette alliance dépendra de la capacité de Honda, Nissan et Mitsubishi à innover et à s’adapter rapidement aux nouvelles exigences de la mobilité électrique.